Fred de la famille Pierrafeu, © Hanna Barbera

Le supplément Science & Techno du Monde du week-end dernier traitait en détails de la “paléodiète“, un régime à la mode aux Etats-Unis, qui consiste à se nourrir comme le faisaient nos ancêtres chasseurs-cueilleurs du Paléolithique.

Si vous voulez vous lancer (la peau de bête n’est pas obligatoire), vous trouverez des explications détaillées en français sur le site Passeportsante.net ou en anglais sur Wikipedia. Pour faire simple : la viande, les poissons, les légumes, les baies et les fruits sont autorisés ; mais tous les aliments issus de l’agriculture et de l’élevage (c’est-à-dire toutes les céréales et tous les produits laitiers) sont bannis car sources de tous nos maux.
[à noter que ce régime avait déjà été traité en janvier 2010 dans un article du blog de la spécialiste en environnement Hélène Crié-Wiesner (je reprends son choix d’illustration)]

Outre les débats sur l’historicité du régime (il semble par exemple que les céréales – sauvages – étaient déjà consommées à l’époque), ses effets sur la santé ont l’air assez discutables, en tout cas selon tous ces articles.

Peut-on tout de même en retenir quelque chose pour les marques ?

J’y vois tout d’abord l’importance de toujours prêter attention à l’émergence de tendances liées à des modes d’alimentation en provenance du passé ou d’autres zones géographiques. Il y a toujours des idées à prendre.
Ici, je ne vois pas de manière évidente de produits se revendiquer demain de ce régime, mais on sait que le fameux régime crétois a plus fait pour les ventes d’huile d’olive que des années de communication. Les boissons à base de cranberries sont désormais un segment à part entière. Les baies de goji (réputées en Asie) ou d’açai (en Amazonie) sont-elles les prochains ingrédients miracles ?

D’autre part, peu importe finalement l’historicité de ce régime (“l’idée d’un régime originel pur est une illusion rousseauiste” pour le paléoanthropologue Pascal Picq dans l’article du Monde). Derrière cet engouement pour ce régime, c’est surtout la valorisation d’un régime pré-industriel qui surgit. Pour les adeptes de ce régime des cavernes (en paraphrasant Rousseau) : “l’homme mange bon par nature, c’est la société qui corrompt ensuite son régime alimentaire“.
Cette paléodiète n’est probablement qu’un épiphénomène, mais elle s’ajoute à d’autres discours négatifs récents sur la nourriture industrielle (voir par exemple le livre “Toxic Food”, récemment sorti en poche). Ils sont les révélateurs d’une tendance émergente qui va au-delà du bio : pour certains la nourriture industrielle n’est plus un progrès ; c’est au contraire se nourrir comme nos ancêtres qui serait selon eux meilleur pour la santé.

Il me semble que toute marque devrait d’urgence se demander quelles sont les causes derrière ce développement et s’il y a des choses à faire.

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