Poursuivons le décryptage de la thématique de l’apocalypse dans la pub, décidemment très à la mode.
Après les téléphones Sonim dans cet article, voici la nouvelle pub Perrier (le tout récent court métrage de 2 min diffusé sur internet, le film TV étant lui plus court) réalisée par l’agence Ogilvy & Mather.
Sonim avait laissé de côté dans sa campagne l’option d’une fin du monde provoquée par le Soleil (qui correspond pourtant à une des hypothèses les plus répandues pour le fameux 21/12/12).
Perrier a fait ce choix, ce qui permet évidemment de mettre en scène — encore une fois de manière très hyperbolique — le test réussi des vertus rafraîchissantes du produit.
J’espère en tout cas que cette option n’apportera pas de l’eau — même inconsciemment — au moulin de certains climato-sceptiques qui mettent le réchauffement climatique uniquement sur le dos du Soleil et pas des activités humaines.
Pour revenir au film de Perrier, il me semble qu’on peut citer deux références culturelles récentes assez proches dans leur thématique et leur traité :
- Sunshine (2007), le film de Danny Boyle où une expédition va “réparer” notre soleil qui se meurt,
- Armageddon (1998) de Michael Bay qui, s’il traite d’une collision avec une comète, présente un peu la même dramaturgie que cette pub avec en particulier ces plans successifs de personnes dans le monde entier, angoissées par l’attente de la réussite de la mission.
Par contre, à l’inverse de ces films où les héros sont tout de même essentiellement masculins (peut-être un peu plus d’équilibre chez Boyle), il est intéressant de noter que Perrier met en avant une femme dans le rôle de la sauveuse de l’humanité.
Cette moderne Athéna, superwoman à la féminité affirmée, s’est revêtue de son casque et de sa combinaison-armure et s’élance à l’assaut du soleil, telle la déesse antique à la charge des Titans.
Faut-il rapprocher ce choix de la présence récemment plus fréquente de femmes dans les films d’action et de super-héros (Black Widow dans les Avengers, Catwoman dans le prochain Batman ?).
En tout cas, c’est ici la puissance d’un soleil – masculin qui se fait dompter par une femme (la lune qui va jusqu’à l’éclipser à la toute fin de la pub).
Cette femme qui nous sauve, garde toute son indépendance (sa domination ?) puisqu’elle manque même d’oublier sa mission pour soulager sa propre soif (je laisse d’autres que moi aller éventuellement plus loin dans l’analyse psychanalytique de cette pub).
En tout cas, face à l’Apocalypse, les marques se posent désormais symboliquement en recours…
Ce n’est pas neutre dans le statut qu’elles veulent / peuvent jouer.
On aura l’occasion d’y revenir.